Mikan
Dictatrice au fouet d'argent
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 | | Sujet: Les pieds dans l'eau, la tête dans les nuages Lun 22 Nov 2010 - 0:29 | |
| Suite de Et si on se baladait ?
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Mikan marchait depuis presque une heure sans plus faire attention à rien. Le temps qui passait n'avait plus d'importance de même que l'endroit où elle allait, elle laissait simplement ses pas la guider au hasard de leurs envies. Les bras croisés, la tête baissée, elle ne pensait plus à rien, elle savourait seulement le calme de cette reposante solitude. Tellement d'émotions l'avait traversée en si peu de temps qu'elle n'aspirait plus qu'à la tranquillité, elle ne voulait plus voir personne, toute compagnie la répugnait soudainement, même le confort de sa chambre ne l'attirait plus. Elle se sentait étrangement vide, même ses larmes ne coulaient plus. Elle sentait à peine le vent danser dans ses longs cheveux noirs ni même le sol devenir étrangement mou sous ses pieds. Elle ne fut ramenée à la réalité que par les embruns qui vinrent caresser son visage ; elle était arrivée sur la plage sans même l'avoir cherché.
Elle releva la tête pour contempler l'immense étendue qui s'agitait mollement devant elle. Elle prit une profonde inspiration, s'enivrant du doux parfum de l'air marin, fermant les yeux pour savourer la lente mélodie des vagues qui venaient mourir sur le sable. Elle voulait tout oublier l'espace d'un instant, faire que sa vie ne se limite plus qu'à ces quelques bienheureuses minutes de solitude. Elle ôta ses ballerines, invitant l'eau à venir lécher ses pieds nus. Un faible sourire étira ses lèvres alors qu'elle profitait de la douce sensation que lui procurait le contact frai de la mer sur sa peau. Elle s'assit dans le sable, les bras enserrant ses genoux repliés contre sa poitrine ; que s'était-il passé aujourd'hui ?
Elle rejoua chaque scène de l'après-midi, se concentrant sur le moindre détail dont elle se rappelait. Ce ne devait être qu'un innocent rendez-vous entre amis. Il y avait tout d'abord eu le problème du grand huit, où Baptiste, visiblement jaloux de Mathys, avait tenu à monter sur l'attraction malgré sa phobie. Par la suite, tout avait semblé se dérouler à merveille jusqu'à ce qu'elle insiste un peu trop pour payer leurs vêtements secs, déclenchant ainsi l'explosion de la rancœur de son ami. Une première dispute. Il n'avait pas été juste avec elle, et il s'en était fallu de peu qu'elle ne quitte le parc sans lui. Premières excuses. Puis quelques mots maladroits avaient une fois de plus suffit à envenimer les choses entre eux. Il la savait susceptible, ne pouvait-il pas mesurer un peu mieux ses propos ? En quelques heures à peine, elle était passée du rire au larmes à deux reprises, ayant entre temps laissé exploser sa colère après avoir cédé à la panique, assaillie par ses craintes pour son avenir proche. Elle avait même, en tout juste quelques minutes, éprouvé la joie d'être amoureuse, une fois l'émoi de cette constatation passé, et ressenti la violente déchirure d'une rupture après une immense déception.
Qu'est-ce qui n'avait pas marché ? Une relation ne pouvait quand même pas mourir si vite. Et pourtant, elle avait beau tourner la situation dans tous les sens, elle lui semblait bel et bien perdue. Son estomac se contracta, sa gorge se serra, et de nouvelles larmes ruisselèrent sur ses joues alors qu'elle comprenait enfin qu'il serait peut-être impossible de recoller les morceaux. Elle ne savait même pas lequel des deux était allé trop loin. Lui ? En lui avouant si ouvertement qu'il s'inquiétait de la voir être parfois si irresponsable. Elle ? Peut-être avait-elle mal compris ce qu'il avait voulu dire. Malgré cela, elle ne cessait de l'entendre lui répéter « c'est pas rassurant », une lueur angoissée dans ses yeux noisettes.
À présent qu'elle avait ressenti la joie d'être blottie dans les bras musclés de Baptiste, collée contre son torse, contre sa peau tiède au parfum délicieusement enivrant, elle aurait bien du mal à s'en passer. Mikan ouvrit les yeux subitement, réalisant à quel point la chose risquait de s'avérer difficile. Elle avait passé une bonne partie de l'après-midi à détailler sa musculature parfaite et elle ne doutait pas qu'elle la suivrait jusque dans ses rêves. Avec un léger sourire, elle se demanda quels songes pourrait bien lui inspirer un corps si athlétique. Se remémorer avec tant de soin le physique plus qu'avantageux du jeune homme lui donna envie de se précipiter vers le parc pour le retrouver. Elle poussa un profond soupir à cette perspective ; que dirait-il une fois en face d'elle ? Il n'avait pas eu l'air de comprendre qu'il l'avait profondément blessée. Même si elle acceptait, à présent, avoir peut-être un peu exagéré, il devait bien admettre que sa déclaration laissait quelques sous-entendus insultants à son égard.
Leur relation avait si mal commencé qu'elle se demandait bien s'ils avaient réellement un avenir ensemble. Inutile de s'accrocher à lui s'ils ne faisaient que se disputer à la moindre maladresse, néanmoins, elle savait qu'il valait mieux qu'elle n'espère pas retrouver son ami après cela. Il lui avait avoué des sentiments qu'il taisait depuis Dieu savait quand, et elle avait laissé son mauvais caractère tout gâcher entre eux. Quelle idiote elle faisait parfois. Elle ne savait pas se tempérer. Elle n'avait jamais réellement essayé, pour tout dire, elle se fichait pas mal de contrarier son frère, le personnel ou ses amis, mais Baptiste n'était pas simplement un domestique, ni même une idylle de passage, elle devait apprendre à modérer son tempérament. Peut-être que s'ils prenaient le temps de discuter calmement, ils parviendraient à trouver un terrain d'entente. Elle ne supportait pas d'être remise en question, mais elle devait être honnête ; elle avait aussi des défauts, certes, pas autant que certains, mais les ignorer ne les cachait pas aux yeux du monde. Et il l'aimait malgré cela. Mikan était certaine qu'il les connaissait parfaitement, c'était à elle de les accepter et de se composer une personnalité moins enflammée, moins impulsive.
Sortant de sa rêverie, elle vit soudain le soleil décliner à l'horizon, peignant sur la mer ses couleurs rouge et or. Le temps avait filé sans qu'elle ne le voit, trop absorbée par ses réflexions. Elle sécha ses larmes du revers de sa main, encore tremblante d'avoir trop pleuré. Il se faisait tard, mieux valait rentrer au château, il serait toujours temps de voir Baptiste le lendemain. Elle occuperait sa soirée à terminer ses devoirs. Elle réalisa alors qu'elle portait toujours son tee-shirt ; voilà une bonne excuse pour chercher à le voir, il faudrait bien qu'elle le lui rende. Elle espérait tout de même qu'il ne lui tienne pas rancune de son emportement, bien que, d'un côté, ce ne serait que justice. Elle se leva tout en tapotant ses vêtements pour en faire tomber le sable resté collé. Certes, elle lui présenterait des excuses pour sa réaction démesurée, mais elle en attendait également pour sa maladresse.
Elle prit la direction du château la mine sombre, priant pour ne croiser personne et surtout pas son frère, ni même Baptiste qu'elle ne se sentait pas le courage d'affronter si tôt. Il lui faudrait se préparer dès son réveil à la conversation qu'ils devraient avoir, mais pour l'heure, elle n'aspirait plus qu'à s'allonger sur son confortable matelas et s'endormir. Son bienheureux sourire s'effaça tout même à la pensée de sa fiche de lecture qu'il lui restait à terminer. Décidément, cette journée l'épuisait.
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